Formules 21

L’Oulipo investit les savoirs de manière remarquable, et cet investissement contribue pour une grande part à la spécificité du groupe. Le but qu’il s’est fixé, l’élaboration d’outils destinés aux auteurs littéraires, est très tôt passé par les contraintes. Or les mathématiques ont été considérées comme une ressource pour cette élaboration, et donc ensuite pour l’élaboration d’œuvres. Les réunions, de plus, sont non seulement consacrées à l’invention, mais encore au recensement de contraintes anciennes, ou « plagiats par anticipation ». Christophe Reig retourne aux sources pataphysiques de l’Oulipo, pour remarquer un goût commun pour la « connivence érudite », et donc pour la mystification. La relation aux savoirs lui permet in fine de réfléchir à la portée des activités oulipiennes, démocratique ou élitiste, mais toujours pleine de gaieté. Alain Chevrier revient sur les débuts, dessinant lui aussi les spécificités d’une culture, entre curiosités littéraires, humoristes et fantaisistes, sans oublier les fumistes. Ainsi, si l’Oulipo s’appuie sur la métrique, c’est pour proposer des expérimentations, poétiques mais aussi ludiques: d'où, l'extrême richesse du sujet.